92
le bus
Le site des
machinistes
de la ligne 92
Notre attitude à bord...
...à vous, et à nous... Deux regards posés sur une même situation: D'un côté, la vôtre, vu en tant que passager, et puis la nôtre, au volant du bus...
Nous
Le bus arrive à l'arrêt: Les portes s'ouvrent. Je monte dans ce bus, trop de monde... Zut. Tu parles comme c'est agréable de voyager... Il faut pousser pour entrer! Bon, il reste de la place dans le fond... mais tout le monde reste agglutiné à l'avant... énervement. Le bus finalement redémarre, sans se presser (...et moi qui suis en retard!).
Il y a quelqu'un frappe à la porte mais le machiniste (tiens, il y a quelqu'un au volant du bus!... on peut le voir dans son rétro intérieur) n'ouvre pas la porte et continue de regarder à sa gauche... Il est vache quand même! Il aurait pu lui ouvrir, ça ne lui aurait pas coûté beaucoup... tss.
Bon, je dois prendre le 28, mais c'est où déjà??...
Je me fraye péniblement un chemin en sens inverse vers le machiniste pour lui poser la question...
- Pour prendre le 28 je descends où?...
-"Ecole militaire" dit de machiniste sans autres explications... ok, d'accord... pas très commercial le chauffeur! vraiment! ...et après ils vont s'étonner qu'il y ait des agressions!... Faut pas s'étonner... Lorsqu'ils auront compris ça...
Vous
Le bus arrive à l'arrêt: J'ouvre la porte. Les passagers montent à bord, regardant vers le couloir... Pas de regard, de titre de transport présenté... pas de sourire. Voilà plusieurs heures que je suis au volant et que je répète cette action toutes les deux minutes... flot impersonnel de... personnes qui entrent et ne disent mot. Plus envie de sourire non-plus. Dommage.
Fermeture des portes. Clignotant à gauche pour quitter l'arrêt et déboîter... Au vu de ce clignotant, les voitures accélèrent pour passer avant le bus... une, deux.. puis trois, quatre ...cinq... Il faut un peu forcer pour y arriver... en faisant bien attention à gauche... Mais on frappe à la porte, à droite, alors que le bus déboîte : trop tard! La manoeuvre est hasardeuse avec le flot de voitures et s'arrêter à présent serait risqué... Le prochain bus suit à quatre minutes... ce n'est pas si grave! J'entends le client pester. Désolé!
- Pour prendre le 91 je descends où?... tonne une voix sur ma droite. Pas de "bonjour" non-plus, ni de "s'il vous plaît"... Je réponds "Ecole militaire", sans plus de sourire ni de politesse... à quoi bon? Je serais poli si on était poli avec moi... Lorsqu'ils auront compris ça...
Exemple banal parmi tant d'autres... Vous, Nous... il serait si facile de se faire un sourire, de se dire bonjour... Ce n'est pas grand chose... et cela apporte tellement... Lorsque nous aurons TOUS compris cela...
L'engrenage de l'impolitesse et du mépris n'est pas une fatalité. Un mot suffit... un regard. Sortir de nos bulles respectives pour montrer à l'autre, ne serait-ce qu'un instant, qu'on le considère et le respecte... Nous en vous accueillant à l'avant du bus lorsque vous y entrez... par un regard souriant... et Vous, en montant, par ce même regard. Voilà, c'est tout. C'est tout simple, ça ne demande pas d'effort... et cela facilite tant la vie... à tous.
En tant que machinistes, c'est sans doute à nous de faire le premier pas et de vous accueillir de la sorte dans notre autobus. Croyez bien que nous nous y efforçons le mieux possible, mais il est vrai que les services sont longs (sept heures en moyenne) et souvent pénibles. Avez-vous conduit dans Paris, ses embouteillages, sa pollution, pendant sept heures d'affilée?... ça équivaut presque à un Paris-Marseille en voiture quotidien! Ajoutez à cela l'exemple décrit ci-dessus, multiplié par vingt-cinq... Évidemment, chacun a ses problèmes... vous, nous... mais nous pourrions essayer de nous sourire, mutuellement... ce sera toujours ça de gagné sur la morosité et la haine...
Il ne tient qu'à nous de bien vivre, ensemble ... Pensons-y tous lorsque nous nous retrouvons pour ce court voyage dans l'autobus.
...à bientôt sur la ligne!... ;-)